Ce petit collage photo me plaît beaucoup ! Cela me donne envie de vous parler un peu d’un aspect de ma vision concernant la parentalité.
On entend souvent parler de parentalité bienveillante, de communication non violente, etc… Je trouve ces concepts très intéressants car ils permettent notamment d’outiller des personnes qui s’interrogent à propos de leurs parentalités.
J’aime à penser qu’ils ont également permis à notre génération d’être davantage attentifs à propos de l’éducation de manière plus générale. J’imagine que la grande majorité de la population est depuis longtemps informée sur les conséquences graves et parfois irréversibles de la maltraitance physique causée sur un enfant. Cependant, il me semble que les dangers des carences dites affectives étaient moins connues et reconnues. Nous sommes peut-être aujourd’hui, grâce à ces nouveaux outils, davantage enclins à faire part de nos inquiétudes si l’on constate qu’un ami utilise des mots dévalorisants lorsqu’il s’adresse à son enfant par exemple.
Cependant, ces nouvelles théories génèrent beaucoup d’injonctions, parfois contradictoires. C’est un peu le revers de la médaille : des parents qui croulent sous des tonnes de conseils, qui tentent de tout mener de front en faisant le mieux possible mais qui finalement se sentent complètement perdus. Ils suivent tous les conseils, donnent tout ce qu’ils peuvent pour leurs enfants, mais en arrivent à se sentir désarmés. Cela provoque très souvent un grand sentiment de culpabilité, qui finalement n’est pas l’objectif recherché.
De mon point de vue, ces concepts ont oublié (ou pas suffisamment mis en avant) l’élément suivant : la notion du contre-don. Le mécanisme sociologique du « don et contre-don » élaboré par l’anthropologue Marcel Mauss dans les années 1920, met en lumière la triple obligation de « donner », « recevoir » et « rendre » pour être en mesure de vivre en société. Cela s’applique dans toutes les sphères sociales, à commencer par la première qu’un être humain côtoie : la famille.
En tant que maman, dans l’exercice de mon ancien métier éducatrice spécialisée, et durant d’autres expériences de vie, je me rends compte à quel point il est primordial d’avoir cette notion à l’esprit en tant que parent ou adulte qui participe à l’éducation d’un ou plusieurs enfants. Et cela va plus loin qu’apprendre à un enfant à dire merci lorsqu’on lui donne quelque chose.
Si un parent se doit d’être dans la bienveillance envers son enfant, il en est de même pour ce dernier, passé le stade de bébé. L’enfant doit apprendre que le parent ou l’adulte n’est pas une prolongation de lui-même, qui viendrait répondre à ses besoins et attentes de façon pérenne. Ainsi, l’adulte donne, l’enfant apprend à recevoir, en commençant par remercier évidemment, mais également en faisant preuve de gratitude.
Il doit également apprendre à rendre et à donner. De la même manière qu’il reçoit de son ou ses parent(s), l’enfant apprend à donner de l’attention, donner un peu de temps pour aider, pour prendre de soin des adultes qui l’entourent… Non pas dans l’espoir d’obtenir les bonnes grâces des adultes qui prennent soin de lui, mais parce qu’il les considère. Le respect est alors mutuel. C’est la conscience pour l’enfant que son parent, et plus généralement l’AUTRE, existe, et a autant de valeur que lui : il n’est pas le centre du monde.
Cette façon de concevoir l’éducation fait partie de ma vie de maman et par extension de celle de ma fille qui aura bientôt 12 ans. C’est aussi une base immuable dans les cours d’acroyoga que je dispense aux binômes de parent-enfant. Certes, le parent prend soin de l’enfant en lui offrant la possibilité de vivre ce moment privilégié, en le soutenant sur ses pieds, en étant attentif à ses besoins pour ne pas lui faire mal en le portant, etc… Mais l’enfant doit aussi tenir compte de son parent : être vigilent pour ne pas faire mal au parent alors qu’il réalise des mouvements, et lui faire part de ses besoins avec des mots (« il faudrait que tu déplaces ce pied car il me fait mal », plutôt que de crier et de s’attendre à ce que l’adulte le soulage comme par magie) sont des éléments qui m’apparaissent indispensables.
Je propose à chaque fin de cours une approche plus lunaire (détente, relaxation) de l’acroyoga. Ainsi, les parents peuvent par exemple porter les enfants qui se détendent dans certaines postures spécifiques. Systématiquement, je demande pareillement aux enfants de prendre soin de leur parent. Pendant quelques minutes, l’enfant va, par exemple, masser le cuir chevelu de l’adulte ou bien réaliser des mouvements pour détendre les jambes de celui ou celle qui l’aura porté pendant plus d’une heure. Cet exercice ne coule pas de source pour tous les enfants que j’accompagne en acroyoga, c’est aussi un apprentissage.
C’est donc ainsi que je pourrais intituler cette photo : comment l’acroyoga permet aux parents de se détendre et aux enfants de grandir 😉